Sanctions contre la Russie : quel impact pour l'Afrique ?
Release time:2022-03-21 Posted:中非创新合作中心 Source:Le Journal de l'Afrique
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Etats-Unis, Union européenne et bientôt G7… Les sanctions économiques contre la Russie se multiplient. Une majorité des pays africains qui entretiennent des relations de coopération énergétique, agricole ou militaire avec Moscou s’inquiètent. A tort ou à raison ?

Confiscation des réserves financières russes à l’étranger, coupure du circuit financier international SWIFT pour sept banques russes, censure des médias Sputnik et Russia Today (RT)… Les pays européens ont rétorqué à l’opération militaire de la Russie en Ukraine en dégainant une série de sanctions.

De leur côté, les Etats-Unis, qui ont déjà interdit leur espace aérien aux avions russes, indiquent que des sanctions visant les hydrocarbures russes « ne sont pas écartées ». Et ce, malgré l’explosion des prix du gaz, du pétrole, des céréales et d’autres produits à cause des sanctions déjà mises en place.

Côté Afrique, les différents pays regardent de loin la Russie, dont la devise — le rouble — a chuté. Mais c’est en réalité surtout la « dédollarisation » provoquée — par les Etats-Unis — du commerce russe qui risque d’avoir des conséquences néfastes pour tous les partenaires de Moscou.

Vingt-deux pays africains ont des accords de coopération militaire avec la Russie, qui varient de l’armement à l’assistance militaire. Douze pays du continent ont, quant à eux, des accords de coopération nucléaire et sept Etats ont des accords agricoles avec Moscou. Enfin, la Russie a investi dans l’électrification de onze pays en Afrique.

——Kamal Louadj (@LouadjSputnikFR) March 2, 2022

Les transactions commerciales entre Russie et pays africains sont la plupart du temps effectuées en devises occidentales. Mais si la Russie venait à tenter de contourner les sanctions économiques pour poursuivre ses échanges commerciaux avec l’Afrique, quelles méthodes pourrait utiliser Moscou ? Surtout, qu’est-ce que les pays africains auraient à y gagner ?

Comment contourner les sanctions économiques ?

Les embargos sont une réalité que plusieurs pays africains connaissent bien, surtout depuis la Guerre froide et les premières alliances entre certains Etats du continent et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Et même si le bloc de l’Est s’est, depuis, effrité, une majorité des relations économiques que la Russie entretient en Afrique se font dans la continuité des accords conclus dans les années 1960.

La Russie moderne a toutefois démontré,  notamment en 2014, que les embargos ne sont pas un frein à sa diplomatie internationale. Après les sanctions imposées après l’annexion de la Crimée, Moscou a massivement investi dans l’agriculture, s’approchant rapidement de l’autosuffisance alimentaire. Et devenant, ainsi, l’un des premiers exportateurs de céréales du monde.

Aujourd’hui, alors que les sanctions contre la Russie sont encore plus sévères qu’en 2014, les analystes réfléchissent à l’avenir des échanges économiques russes.

Parmi les solutions envisagées : le troc, qui a montré, par le passé, son efficacité. Depuis près de trois décennies, l’Iran le pratique. Mais les échanges peuvent également s’appuyer sur des circuits financiers différents. Selon le journaliste brésilien Pepe Escobar, « la Russie pourrait compenser au moins 50 % des pertes commerciales » en s’appuyant sur le troc et en empruntant les circuits financiers alternatifs à SWIFT.

En effet, plusieurs entreprises utilisent déjà le SPFS russe ou encore le CIPS chinois. Si bien que, « si quelqu’un veut acheter du pétrole et du gaz russes avec le CIPS, le paiement doit être effectué dans la monnaie chinoise, le yuan. Le CIPS est indépendant de SWIFT », assure le journaliste.

Une alliance Russie-Chine en Afrique ?

C’est surtout un potentiel tandem Russie-Chine qui pourrait rassurer les Etats africains, mais aussi menacer la toute-puissance du dollar. Le premier créancier de l’Afrique, de l’Europe et des Etats-Unis peut se targuer d’une résilience économique à toute épreuve.

Among the 248 armed conflicts that occurred in 153 regions across the world from 1945 to 2001, 201 were initiated by the #US, accounting for 81% of the total number. pic.twitter.com/Kjn81VIVXP

——Chinese Embassy in Russia 中国驻俄罗斯大使馆 (@ChineseEmbinRus) February 25, 2022

La réaction de Wall Street en dit long. Au moment de la suspension des banques russes du circuit SWIFT, les empires financiers américains Citigroup et JPMorgan Chase ont prévenu que les sanctions contre la Russie pourraient se retourner contre le système bancaire mondial.

« L’éviction de la Russie pourrait se retourner contre nous, en faisant grimper l’inflation, en rapprochant la Russie de la Chine et en soustrayant des transactions financières aux regards de l’Occident. Cela pourrait également encourager le développement d’une alternative à SWIFT qui pourrait à terme porter atteinte à la suprématie du dollar américain », lit-on dans un article de Bloomberg.

Outre une montée du yuan, désormais irréversible depuis la mise en place de sanctions contre la Russie, d’autres intérêts européens se trouvent également menacés en Afrique.

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